Système P
Bricolage, invention et récupération en prison
Partout, les personnes incarcérées développent un réseau parallèle fait de trucs, de trouvailles et de combines. Partout, le même scénario se décline au gré du règlement intérieur et du bon vouloir des surveillants.
Manque, enfermement et privations donnent naissance à une génération d'objets propres à la prison.
Les matériaux et les objets disponibles sont détournés de leur fonction initiale pour remplacer ceux qui font défaut. Science du détournement d'objets et art de la récupération comme autant de tentatives de reproduire à l'intérieur des morceaux du dehors.
En opposition avec l'immobilisme du temps carcéral, cette production est en perpétuel mouvement. Les secrets de fabrication circulent et se transmettent grâce aux anciens qui initient les arrivants démunis.
Dans ce milieu marqué par une pénurie généralisée, tout est récupéré, chaque emballage désossé, décortiqué, optimisé. On récupère les pics de brochettes, les cagettes, les emballages de toutes sortes : boîtes de conserve, canettes et boîtes de Ricoré.
Ingéniosité et invention se substituent aux réflexes de consommation afin d'organiser la survie et deviennent actes de revendication sociale, en réponse au dénuement de règle dans les établissements pénitentiaires.
Chargés des contraintes vécues par leurs auteurs et fabriqués à partir de morceaux, de fragments, tous ces objets sont un peu la transposition des existences brisées, éclatées qui peuplent les prisons.
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